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Libéria: Joseph Boakai est le nouveau président, signal fort contre la corruption

Au Libéria, un signal fort contre la corruption a été émis, mais le risque d’un transfert de pouvoir plane. Le 18 novembre 2023, le président George Manneh Weah a prononcé un discours inattendu vendredi soir, reconnaissant la défaite avant que le résultat du second tour ne soit définitif. Weah a déclaré : « C’est le moment de reconnaître la défaite. Il est temps de placer notre pays au-dessus de la politique et le patriotisme devant l’intérêt personnel. Je reste votre président jusqu’au transfert de pouvoir, et je continuerai à travailler pour le bien du Libéria. Guérissons les divisions et unissons-nous en tant que nation et peuple cohésif. »

Les paroles du président sortant, prononcées dans un discours émouvant même avant l’issue définitive du second tour (le dernier chiffre rapporté par la Commission électorale nationale (NEC) concerne 98,56% des votes comptés, Boakai ayant 50,89% des préférences contre 49,11% pour Weah), reconnaissant la défaite, sont arrivées de manière inattendue.

Reconnaître la victoire du concurrent, l’ancien vice-président Joseph Boakai, semblait plus être un acte pour apaiser les esprits après une campagne électorale extrêmement difficile et complexe, plutôt qu’une admission de défaite.

« Ce soir, en reconnaissant les résultats, nous attestons que le véritable vainqueur de ces élections est le peuple du Libéria. À travers votre exercice pacifique et ordonné du droit constitutionnel de vote, vous avez une fois de plus démontré votre engagement envers les principes démocratiques qui nous lient en tant que nation. »

En bref, le président Weah a affirmé la conduite pacifique des élections présidentielles de 2023 sous sa direction.

« Le vote a été organisé avec la promesse d’équité, de paix, d’inclusivité, de transparence et de crédibilité. Je suis fier de dire que nous avons respecté cet engagement. Le peuple libérien a parlé, et nous avons entendu sa voix. »

Ce que le chef d’État sortant du Libéria ne peut reconnaître, c’est que les électeurs ont voulu envoyer un message clair à l’establishment politique.

Les éléments corrompus et ingouvernables ne peuvent pas avoir leur place. Si un gouvernement ne parvient pas à s’engager sur la voie de la responsabilité et de la transparence, il doit partir.

Et lorsque le classement d’un pays pour lequel le président en exercice avait assuré « une tolérance zéro envers les malhonnêtes » se situe au 142e rang sur 180 États dans l’indice des pays « sans corruption », quelque chose n’a clairement pas suivi le bon chemin.

Weah avait promis de lutter contre la corruption endémique dans le pays, mais ses actions ont montré le contraire.

Parmi les « fautes » les plus graves, on compte la réalisation qui lui est imputée d’un scandale en 2018, lorsque 100 millions de dollars en billets de banque fraîchement imprimés ont disparu de la Banque centrale du Libéria. L’accusation de l’opposition était d' »usage impropre de fonds publics » au sein de l’administration de Weah.

En 2022, les États-Unis ont également imposé des sanctions à trois fonctionnaires du gouvernement libérien, dont le chef de cabinet de Weah, pour leur « implication continue dans la corruption publique ».

Aggravant davantage la frustration de la population, face aux preuves de la corruption dans le gouvernement, le déclin économique progressif du pays, où la majorité des Libériens vivent dans une pauvreté absolue, a été souligné.

L’Organisation de la société civile libérienne « Naymote Partners for Democratic Development » a noté juste avant les élections que le président libérien n’avait respecté que 24 des 292 promesses électorales faites lors de la campagne électorale précédente.

Weah a également été au cœur d’une autre tempête : une enquête sur la déforestation de la plus grande forêt pluviale de la région.

L’enquête a révélé des opérations illégales « à grande échelle significative », comprenant des actes de contrefaçon et des violations de la loi de la part de l’agence gouvernementale libérienne chargée de protéger les zones vertes du pays.

Malgré le rapport final de l’enquête « recommandant » une enquête spéciale sur ce qui s’est passé avec le président Weah, ce dernier a complètement ignoré les indications des inspecteurs et a renvoyé les appels des ambassadeurs de l’Union européenne, des États-Unis et du Royaume-Uni demandant des éclaircissements sur l’affaire.

En bref, l’ancien footballeur devenu leader politique n’a jamais accepté d’ingérence dans l’exercice du pouvoir et a tout fait pour le retenir par tous les moyens, légaux ou non.

C’est pourquoi le « miracle » d’une transition présidentielle sans conséquences, comme celle entre la présidente Ellen Johnson-Sirleaf et Weah en janvier 2017, une étape qui a marqué la première transition pacifique du pouvoir depuis 1944, la première en 73 ans, pourrait ne pas se reproduire, même si la démarche surprise de Weah appelant Boakai et reconnaissant sa victoire a suscité l’étonnement.

Dans les prochaines heures, il sera clair si le « respect du processus démocratique qui a décidé du sort du Libéria » sera pleinement garanti.

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