Les services de sécurité de l’enclave espagnole de Melilla ont fait face, mercredi 22 décembre, à un afflux massif de migrants d’un genre nouveau. Selon le quotidien La Razon, 80 jeunes marocains « âgés de 17 à 20 ans » ont escaladé le mur d’enceinte qui sépare le territoire de Melilla de celui du Maroc. Ces migrants sont en fait des appelés du contingent marocain, explique le journal espagnol en citant des sources à Melilla. Ils sont tenus de rejoindre les rangs des Forces armées royales en 2022 pour une durée de 12 mois.
« De nombreux jeunes Marocains ne veulent pas être impliqués dans le conflit au Sahara occidental qui oppose l’armée du Front Polisario à l’armée marocaine. Je pense que certains ne sont pas convaincus par cette guerre tandis que d’autres ne veulent pas perdre la vie ou être blessés dans les pilonnages quotidiens des combattants sahraouis. Il est évident que la ligne de front au Sahara occidental n’est pas un endroit qui attire les jeunes. Surtout que les autorités marocaines imposent aux familles des soldats et à la presse un silence sur ce qu’il se passe sur la ligne de front », indique-t-il.
« Ces jeunes espèrent certainement que le refus de passer son service militaire sera un argument accepté par l’administration espagnole pour obtenir le statut de réfugié. Je pense que les 14 jeunes qui ont réussi à entrer à Melilla seront bientôt reconduits vers le territoire du Maroc. Si les autorités espagnoles ne le font pas, ils pourraient servir de modèle et attirer d’autres jeunes vers les enclaves de Melilla et de Ceuta, alors la situation risque de devenir ingérable », anticipe Bachir Mohamed Lahsen.
Rabat ne peut pas se permettre d’être confronté à une vague de désertion de grande ampleur dans un contexte de guerre avec le Front Polisario et une situation sécuritaire très tendue aux frontières avec l’Algérie.
« Le Maroc et l’Espagne tentent de revenir à des relations plus sereines après plusieurs mois de crise. Si elle est mal gérée, cette affaire pourrait augmenter les tensions », précise Bachir Mohamed Lahsen.
Reste à savoir comment réagiront les associations espagnoles de soutien aux réfugiés et aux migrants. Leur implication dans cette affaire pour exiger la protection des appelés pourrait compliquer les choses.
Source Sputnik