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Soudan, nouvelles violences au Khartoum: 13 morts en une seule journée

Nouvelle violence, plus de sang au Soudan. Beaucoup de très jeunes, comme Alrayah (photo), membre actif du Comité de résistance des jeunes, tué à 21 ans par une balle qui l’a atteint à la tête. Treize sont morts à Khartoum, la capitale, au cours des seules dernières 48 heures, soixante-treize depuis le début des manifestations contre le coup d’État du 25 octobre.
Mais malgré le nombre croissant de victimes de la répression mise en place par les forces de sécurité pour contenir les manifestations, le peuple soudanais ne baisse pas les bras.Pour la seule journée d’hier lundi, les forces de sécurité ont brutalement dispersé des manifestants à Khartoum, faisant 13 morts et blessant des dizaines de manifestants par balles réelles. C’est l’une des journées les plus meurtrières depuis le début de la contestation contre le pouvoir militaire.

En tout, depuis le putsch du 25 octobre, 73 manifestants ont été tués. « Des statistiques crédibles du Comité central des médecins soudanais montrent que 71 personnes ont été tuées et plus de 2.200 blessées par les forces de sécurité de l’État lors de manifestations depuis le coup d’État du 25 octobre 2021 », a déclaré, lors d’un point de presse à Genève, une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani. Sur ce total, 17 ont été tuées depuis le début de l’année.

Selon l’ONU, la situation des droits de l’homme au Soudan reste très préoccupante. Le Bureau conjoint des droits de l’homme au Soudan a ainsi constaté que plus du quart des personnes blessées ont été touchées directement par des bombes lacrymogènes.

« Il est donc à craindre que les forces de sécurité tirent des grenades lacrymogènes horizontalement, en direction des individus, en violation des normes internationales », a regretté Mme Shamdasani.

Face à cette nouvelle vague de répression, le Haut-Commissariat réitère son appel aux autorités soudanaises pour qu’elles cessent immédiatement l’usage inutile et disproportionné de la force – y compris l’utilisation de balles réelles – contre des manifestants pacifiques.

« L’utilisation de balles réelles n’est autorisée qu’en dernier recours, en cas de menace imminente de mort ou de blessure grave », a insisté la porte-parole du HCDH, soulignant que « des enquêtes approfondies, rapides et indépendantes doivent être menées et les autorités ont le devoir de veiller à ce que les auteurs de violations des droits humains soient traduits en justice ».

Par ailleurs, une campagne d’arrestations et de détentions arbitraires à l’encontre de manifestants, de journalistes et de professionnels des médias se poursuit dans le cadre de l’état d’urgence.

Selon l’ONU, les forces de sécurité s’introduisent dans les domiciles des militants et pénètrent même dans les hôpitaux pour arrêter les manifestants blessés et les empêcher d’accéder aux soins d’urgence.

Des informations inquiétantes font également état d’agressions contre le personnel et les installations de santé.

D’une manière générale, les critiques des autorités font l’objet d’une répression, qui semble s’intensifier par le biais d’arrestations de journalistes, de perquisitions et de fouilles au domicile et au bureau, de mauvais traitements infligés aux journalistes et de suspensions de licences. Au moins huit journalistes ont été maltraités par les forces de sécurité alors qu’ils couvraient des manifestations.

La répression s’est traduite le samedi 15 janvier dernier, par la révocation de la licence de diffusion d’Al Jazeera Mubasher TV, invoquant une « couverture non professionnelle » des événements au Soudan.

Deux jours avec cette sanction contre le bureau local de la chaîne qatarie, les forces armées soudanaises auraient pénétré dans les bureaux de la télévision Al Araby à Khartoum et arrêté arbitrairement quatre de ses employés alors qu’ils couvraient une manifestation depuis le toit du bâtiment.

Le 30 décembre dernier, la police et les forces de sécurité conjointes, y compris les forces de soutien rapide, ont également pris d’assaut les bureaux des chaînes de télévision AlArabiyah et AlHadath à Khartoum alors qu’elles couvraient des marches de protestation à Khartoum. Pendant le raid, ils ont frappé et harcelé le personnel à coups de matraque et ont endommagé les biens des bureaux. E

Face à toutes ces menaces contre la liberté d’expression, les services de la Haute-Commissaire Bachelet invitent les autorités soudanaises à cesser de prendre les journalistes pour cible. Ils demandent aussi de veiller à ce que les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique soient pleinement respectés et que les manifestations pacifiques soient facilitées au lieu d’être réprimées par une force inutile et disproportionnée.

Sur le front diplomatique, l’ONU multiplie les rencontres avec acteurs du pouvoir, de la société civile. « Depuis leur lancement le 8 janvier dernier, les consultations facilitées par l’ONU sur un processus politique au Soudan ont continué d’engager un large éventail de parties prenantes soudanaises y compris les partis politiques et la société civile », a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, relevant que dans ces moments critiques, « une solution urgente est nécessaire pour résoudre la crise en cours ».

Durant les réunions qui ont été tenues jusqu’à présent, les parties prenantes soudanaises ont exhorté la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) à élargir les consultations au-delà de Khartoum et organiser des sessions avec toutes les circonscriptions dans tous les États. Selon M. Dujarric, le Représentant spécial de l’ONU, Volker Perthes, poursuivra ses consultations avec les partis politiques, les comités de résistance, les groupes de femmes et les groupes armés dans la semaine à venir

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